Urgence climatique: de la parole aux actes
La Municipalité de Vevey a déclaré l’urgence climatique le 8 juin 2020. Le Conseil communal l’a suivie le 12 novembre et s’est engagé « à traiter dorénavant de manière prioritaire tous les objets directement liés à la lutte contre le réchauffement climatique et à choisir les alternatives préservant le climat pour tout projet, achat ou dépense ». Il s’agit de passer de la déclaration aux actes.
chauffage: chaleur humaine oui, chaleur fossile non
Le chauffage représente 18,8% des émissions de CO2 en Suisse. C’est un enjeu central dans la lutte contre le réchauffement climatique. La rénovation énergétique des bâtiments est un des domaines où l’impact sur les émissions de CO2 est le plus important et le plus rapide.
En tant que propriétaire immobilier et en tant qu’autorité, la commune a un rôle important à jouer. En particulier, nous proposons de :
- mettre en place une stratégie ambitieuse d’entretien et d’assainissement énergétique des bâtiments communaux ;
- limiter leur température selon les usages ;
- développer le soutien aux travaux d’assainissement énergétique des bâtiments privés, pour réduire l’empreinte carbone de la ville et améliorer la qualité de l’air, sans impacter les loyers ;
- créer un second réseau de chauffage à distance exploitant la chaleur du lac à l’aide d’une pompe à chaleur alimentée par des énergies renouvelables ;
améliorer la centrale de chauffage à distance à bois actuelle en filtrant mieux les particules fines de ses fumées ; - développer une stratégie cohérente pour décarboner le chauffage des bâtiments anciens difficiles ou impossibles à isoler correctement dans le respect de leur valeur patrimoniale.
Nuisances automobiles : la vraie voiture verte est un vélo
En Suisse, les voitures de tourisme sont à l’origine de 25% des émissions de CO2. La voiture est le moyen de transport le plus lent en milieu urbain, coûte du temps et de l’argent à l’individu et à la collectivité, alors que 60% des déplacements font moins de 5 km. Réduire notre usage de la voiture est donc possible et nécessaire.
Pour cela, nous proposons de :
- limiter la vitesse à 30 km/h sur tout le territoire communal ;
- favoriser la mobilité douce en sécurisant et priorisant les voies de circulation, pour les piétons et les vélos, par exemple sur l’axe Simplon-Italie ;
- densifier le réseau des transports en commun et rendre ceux-ci gratuits (dans le cadre communal ou mieux, régional, par le biais de l’initiative cantonale pour la gratuité des transports publics). Cela contribuera aussi à réduire la pollution sonore ;
- développer le transbordement de marchandises entre le train ou le camion et le vélo (dernier kilomètre à vélo).
Eclairage public: mégawatt the f***?!
L’éclairage nocturne consomme de l’énergie sans être partout et toujours nécessaire ; son excès constitue aussi une forme de pollution, qui perturbe le sommeil humain, comme la vie animale et végétale.
Nous voulons donc :
- accélérer l’adaptation des luminaires publics et leur régulation intelligente (allumage selon les besoins) ;
- réglementer et limiter l’éclairage nocturne des vitrines.
Déchets: produire moins et prendre soin
Le déchet idéal est celui qu’on ne produit pas. Une bonne politique en matière de déchets commence bien en amont en produisant des objets durables et réparables, moins de gadgets inutiles, et en limitant les gaspillages de tous ordres.
Si la commune n’a pas la possibilité d’influencer tout le cycle de vie des produits, elle peut et doit agir à son niveau. Nous voulons donc :
- mener des campagnes d’information sur le tri des déchets, avec une participation citoyenne sur les lieux de tri ;
- promouvoir l’éducation à la gestion des déchets avec des interventions du service de voirie dans les écoles ;
- agrandir, renforcer et pérenniser la ressourcerie ;
- favoriser la réparation, le recyclage et l’échange, notamment en soutenant les artisans en ville et en créant des ateliers coopératifs.
Initiatives citoyennes: cultivons ensemble notre ville
La construction d’une société compatible avec les limites naturelles nécessite l’implication et le soutien de la population et des associations.
Nous proposons d’encourager toute forme d’initiative dans ce sens. En particulier, nous voulons :
- développer des activités dans la nature pour les enfants et leur faire rencontrer les producteurices de la région ;
- familiariser les nouvelles générations à une alimentation bio, non carnée, locale et de saison. Sensibiliser et former les équipes de cuisine à ces principes afin de les appliquer dans les réfectoires gérés par la commune ;
- soutenir les activités et collaborer avec les associations actives dans le domaine écologique;
- valoriser les activités des maisons de quartier, afin d’en faire des lieux de participation et de consultation citoyennes qui incluent toutes les communautés culturelles.
Abeilles, salamandres, humains: bourgeons-nous!
Même si les mouvements citoyens pour le climat parvenaient à vaincre les résistances et à imposer des mesures sérieuses, des catastrophes naturelles risquent de se produire et de mettre en danger le vivant, l’être humain avec. Il est possible d’y préparer notre ville pour qu’elle puisse mieux y faire face.
Pour cela, il faut augmenter la végétation en ville, qui limite les effets du réchauffement climatique, filtre l’air et réduit la perception du bruit ambiant, et aussi préserver la biodiversité, base d’un ensemble vivant solide et résistant.
Nous voulons :
- arboriser nos rues, végétaliser les espaces publics et les toits des bâtiments ;
- favoriser les potagers urbains et agrandir les surfaces destinées aux comestibles (par ex. des jardins de plantes aromatiques et médicinales, légumes…) ;
- sauvegarder la biodiversité locale en protégeant la petite partie du territoire de la commune qui demeure non urbanisé (le lac et ses rives, les jardins, la forêt de Gilamont, ou la Veveyse) ;
- assurer la sauvegarde et la création d’habitats permettant d’accueillir différentes espèces présentes en ville, parfois menacées, en intégrant systématiquement ce besoin dans les nouveaux aménagements ;
- promouvoir le maintien de la biodiversité auprès des propriétaires privés en diffusant la « Charte des jardins » ;
- encourager le Service des parcs et jardins à continuer de montrer l’exemple par de bonnes pratiques.