Vidéosurveillance : pour un débat correct
Les questions du deal de rue, du sentiment d’insécurité qu’il suscite et des moyens d’en limiter l’ampleur sont importantes. Les mesures proposées par la municipalité, notamment la vidéosurveillance, méritent d’être débattues sur la base d’informations sérieuses et de bonne foi. Décroissance alternatives (da.) regrette que la publication «Municipalité en bref» du 4 mars 2025 n’aille pas dans ce sens.
Le débat actuel porte peu sur les risques d’intrusion dans la vie privée des personnes passant dans le périmètre surveillé, dans la mesure où, fort heureusement, la loi cantonale du 11 septembre 2007 sur la protection des données personnelles (LPrD) met des limites assez étroites à la vidéosurveillance et à l’utilisation des informations qu’elle produit, et où le projet de la municipalité semble y être conforme. Il ne faut cependant pas oublier qu’une loi peut être modifiée, et que les infrastructures mises en place pourraient un jour être utilisées de façon moins indolore.
Décroissance alternatives (da.) conteste le projet municipal principalement au nom d’un rapport coût / bénéfices que nous considérons comme désastreux. Plusieurs expériences, études et rapport nous font considérer l’effet de la mesure proposée comme variant de nul à très faible.
Quant aux coûts, ils semblaient être clairement définis dès la première page du préavis soumis au Conseil communal, titré «Demande d’un crédit d’investissement de CHF 799’700.– pour l’installation d’un dispositif de vidéosurveillance, d’un crédit supplémentaire déjà dépensé au budget 2024 de CHF 96’600.–». Total: 896’300.–
Un tel montant est de nature à faire hésiter même des personnes favorables à la vidéosurveillance. Pour se les concilier, la municipalité dans un premier temps a fait valoir que 220’000.– étaient destinés à la rénovation de l’éclairage dans la zone, et n’étaient pas indissolublement liés à la vidéosurveillance, même si le remplacement des anciens mâts d’éclairage est nécessaire à l’installation des caméras. Admettons.
Mais dans sa publication «Municipalité en bref», l’exécutif communal va bien plus loin. On peut y lire : «Est-il exact que l’installation des caméras coûtera 800’000 francs ? Non. La fourniture et l’installation des caméras ainsi que d’un serveur dédié s’élèvent à 145’000 francs.».
Nous contestons cette façon biaisée de présenter les chiffres qui cache des coûts incontournables, comme ceux de l’alimentation électrique et des réseaux, du signalement légalement obligatoire des zones surveillées, des procédures et des honoraires, de la communication, et «oublie» le crédit d’étude, sans lequel le projet n’existerait pas, et qui ne sert qu’au projet.
Hors rénovation de l’éclairage, le coût réel de l’installation de la vidéosurveillance est de 676’300.–, comprenant l’investissement de 579’700.– et le crédit d’étude de 96’600.– Le détail ci-dessous, repris du préavis officiel, en atteste.
Les coûts annuels de l’installation sont (mal)traités de façon analogue : le montant de 40’000.– est mentionné, mais pas l’amortissement obligatoire sur dix ans, qui y ajoute environ 60’000.–, soit un coût annuel réel de 100’000.–
Décroissance alternatives (da.) constate avec grand regret que la municipalité, à laquelle elle participe et qu’elle soutient, minimise ainsi les coûts du dispositif. Dans ce débat qui s’annonce intense, les chiffres comptent, et nous appelons à la responsabilité de la municipalité sur ceux qu’elle transmet à la population.
Fournitures caméras et logiciel gestion : 145’500.–
Alimentation électrique et réseau câblé (hors éclairage) 185’000.–
Réseau aérien et liaisons 69’500.–
Adaptation du réseau communal 6’000.–
Signalétique pour zones vidéosurveillées 55’000.–
Prestations complémentaires, recours, technique 10’000.–
Emoluments Etat de Vaud 2’000.–
Plan de communication vidéosurveillance 14’000.–
Outils de communication à développer (estimation) 20’000.–
10% divers et imprévus 72’700.–
Investissement total pour la vidéo surveillance 579’700.–
Crédit d’étude dépensé en 2024 96’600.–
Total de la dépense unique strictement liée à la vidéo-surveillance: 676’300.–