Postulat
Un lieu de mémoire dédié à la lutte contre le fascisme en Suisse
Quentin Talon a déposé un postulat au conseil communal de Montreux pour un lieu de mémoire dédié à la lutte contre le fascisme en Suisse. Malheureusement, et malgré le soutien large à gauche, la majorité de droite, Montreux Libre inclus, ont fait échouer cette proposition.
Les années 1930 ont été marquées par la montée du fascisme en Europe, et la Suisse n’a pas été épargnée par cette vague. Plusieurs événements et mouvements témoignent de la présence et de l’influence de ces idées sur le territoire helvétique.
Parmi ces événements, la manifestation antifasciste du 9 novembre 1932 à Genève, brutalement réprimée par l’armée suisse, est un symbole fort des tensions de l’époque. Ce jour sombre pour la démocratie suisse illustre la division de la société et la montée des extrêmes.
Mais il est important de rappeler que d’autres faits ont marqué cette décennie, tels que la tenue de congrès fascistes à Montreux, ou encore l’émergence de mouvements d’obédience fasciste dans différentes régions de Suisse. Ces manifestations, ces discours, ces organisations, bien que parfois marginales, témoignent d’un climat politique et social particulier, où les idées fascistes ont trouvé un écho, parfois discret, au sein de la population.
En mémoire des victimes de la répression du 9 novembre 1932, mais aussi de toutes celles et ceux qui ont lutté contre la montée du fascisme en Suisse durant les années 1930, nommer un lieu public – place, rue, ou autre – serait une façon de rappeler que la défense de la liberté d’expression et des droits démocratiques a un prix. Ce lieu pourrait porter un nom évoquant cette période, sans nécessairement faire référence à un événement précis.
Cet événement, comme d’autres, reste relativement méconnu en dehors des cercles historiens et des militants engagés. Nommer un espace public permettrait à la population de se souvenir et de s’interroger sur ce moment clé de l’histoire suisse. Il s’agit d’un geste mémoriel important qui invite au devoir de mémoire, tout en sensibilisant les générations actuelles et futures à l’importance de la résistance contre l’oppression et la violence d’État.
Cette commémoration ne servirait pas seulement à rappeler un moment tragique, mais aussi à honorer les valeurs de paix, de justice sociale et d’opposition au fascisme que les manifestants de 1932, et plus largement les antifascistes des années 1930, défendaient. Cet hommage serait aussi un appel à la vigilance contre toute forme d’extrémisme ou d’injustice sociale dans le présent et le futur.
Les années 1930 ont révélé des failles dans la manière dont l’État peut réagir face aux tensions sociales, mais elles ont aussi provoqué une réflexion sur la démocratie, l’usage de la force, et les droits des citoyens. En nommant un lieu public en lien avec cette période, la société réaffirme son attachement aux valeurs démocratiques et s’engage à apprendre des erreurs du passé.
Nommer un lieu public en mémoire de la lutte contre le fascisme durant les années 1930 serait un hommage puissant aux victimes de cette idéologie et un rappel constant de la fragilité de la démocratie face à l’autoritarisme et à la violence d’État. C’est un geste qui honore la mémoire des citoyens engagés dans la lutte pour la justice et les libertés, tout en encourageant la société à rester vigilante face aux dérives autoritaires. Ce serait un témoignage concret et durable pour la paix, la solidarité, et le respect des droits humains.