L’équilibre pour tout programme

Ajouté sur leurs affiches, en tête de leur tract, le slogan «pour une municipalité équilibrée» est le seul lien entre les cinq candidats de la droite et de Vevey libre. Parlons un peu cette idée d’équilibre.

Mathématiquement:

L’équilibre n’est d’abord pas respecté dans la composition de leur liste: les Verts libéraux ont tout juste atteint le quorum de 5% au Conseil communal et Vevey libre à chuté à 9%; mathématiquement ils auraient droit l’un à 1/3 de siège et l’autre à 2/3, Un siège pour les deux, pas deux. Plus largement, une victoire de leur liste laisserait deux sièges à la gauche (pour 48 sièges au Conseil communal) alors que leur liste en aurait 5 pour 36 sièges. Vous disiez «équilibre» ?

Constitutionnellement:

Ni la Constitution, ni les lois n’imposent un équilibre dans les exécutifs (communal ou cantonal). Si telle avait été la volonté du législateur, les élections à l’exécutif auraient été régies par le système proportionnel comme celles au Conseil communal. Bien au contraire, ces élections se font au système majoritaire, qui ne connaît que le nombre de voix reçues, et n’interdit en aucune mesure qu’une liste occupe tous les sièges d’un exécutif.
Institutionnellement, l’équilibre se réalise entre les divers niveaux de pouvoir. Un exécutif, même s’il est d’une seule couleur politique, doit composer avec un Conseil communal (ou un Grand Conseil) plus diversifié, et en dernière instance avec le peuple. Il y a donc bien des moyens d’exister en politique sans avoir un siège à la municipalité: interpellations, postulats, motions; référendums et initiatives populaires. C’est ce que nous avons fait pendant 30 ans (présence d’un groupe de gauche alternative depuis 1990 au Conseil communal de Vevey), et nous n’avions pas l’impression de ne servir à rien et de n’avoir aucune influence sur l’évolution de la situation.

Enfin, et surtout, politiquement:

L’équilibre n’est pas un programme. Une liste pour la municipalité, c’est une équipe qui se présente ensemble, pour réaliser ensemble un programme. Or quel est le programme commun à ces cinq candidats ? Au-delà de «on est jeunes et on s’entend bien», on cherche, vainement. Quelques intentions extrêmement peu concrètes, et pour le reste, chacun renvoie à son propre programme. Et là les divergences sont béantes. La plus évidente, c’est toute le domaine de l’urbanisme: les uns étaient farouchement pour un parking souterrain à la place du Marché, l’autre a participé au comité qui l’a combattu; les uns passent leur temps à compter les places de parc supprimées, l’autre soutient la politique de la municipalité, menée d’ailleurs par le municipal de son parti. L’un confond urgence climatique et problème des déchets sur la voie publique, l’autre propose de prendre cette urgence au sérieux.
Que feraient-ils ensemble à la municipalité ?

Votez pour la seule liste qui a un programme commun et les moyens de l’appliquer.