Pourquoi Alternatives ?

Face à un monde économique qui prétend façonner de plus en plus la société à sa convenance, nous affirmons la primauté du politique pour améliorer les conditions de vie et les droits de chaque être humain.

Cela ne va pas de soi. C’est d’abord contraire à l’expérience vécue dans le monde professionnel: pour la très grande majorité de la population, le travail est un espace et un temps sans droits réels, car la démocratie s’arrête au seuil de l’entreprise ; d’où l’importance des organisations sociales, syndicales ou associatives et des actions qu’elles peuvent mener. Cela va aussi à contre-courant de l’évolution politique présente: partout, le niveau exécutif – y compris non élu, comme les directoires des banques centrales par exemple – prend un poids croissant, au détriment des assemblées législatives et des décisions populaires ; nous refusons ces empiétements, y compris au niveau communal.

Pour nous, l’économie doit être au service de la communauté et non l’inverse. Nous luttons pour défendre et étendre, à tous les niveaux, la possibilité d’un contrôle démocratique sur les ressources disponibles, les infrastructures, les conditions de vie ou de travail. Cela passe par une collaboration et une communication cons­tante entre les différents mouvements de résistance à ceux qui détruisent le tissu social en prêchant le «chacun pour soi et le marché pour tous». Notre groupe illustre bien ce principe puisque nous regroupons, à côté de membres du Mouvement pour le socialisme (ex-solidaritéS), des personnes issues de différents horizons mais qui partagent ces mêmes convictions: indépendants de gauche, groupes de défense des immigrés, résistants au bétonnage spéculatif, défenseurs de l’environnement…

Au niveau local, cette résistance est possible, par exemple, sur la question des horaires d’ouverture des magasins, en défendant l’intérêt du personnel et des petits commerces face aux grandes surfaces ou, dans le domaine de l’urbanisme, en favorisant le logement bon marché, des espaces verts ou encore des actions sociales plutôt que répressives.

Au niveau global, la politique de privatisations, soutenue notamment par des organisations internationales comme l’OMC, limite le pouvoir des gens et de leurs élus dans des domaines essentiels de leur vie quotidienne. La fourniture de l’eau potable et son prix, par exemple, ne seraient plus déterminés par la nécessité vitale qu’elle représente pour chacun, mais par les profits de la compagnie privée qui la fournirait. De même que l’existence ou non d’un bureau de poste n’est déjà plus dictée par les besoins d’une région, mais par le seul souci de rentabilité. C’est pourquoi nous participons à la campagne contre l’Ac­cord général sur le commerce des services (AGCS-OMC) et avons voté la résolution du Conseil communal qui fait de Vevey, comme de nombreuses communes de par le monde, une «zone hors AGCS».

Nos propositions se regroupent en 8 thèmes: urbanisme, logement, région, jeunesse-famille, égalité, vivre ensemble, environnement-énergie et sécurité. Vous les trouverez ci-dessous.

Urbanisme:
respecter la qualité de vie de tous

L’aménagement urbain est l’un des domaines où la politique communale peut influencer directement la qualité de vie des habitants. Raison de plus pour en discuter sérieusement.

Avoir une vision globale et proposer des choix

L’urbanisme est à la croisée de toutes les questions importantes qui font la vie en ville. Le plan directeur communal se fonde sur une large consultation des représentants des différentes associations locales et des citoyens et donne les grandes lignes du développement urbain pour les années à venir. Il faudrait donc, dans toute décision politique, accorder une attention centrale à ce document.

Année après année, nous avons constamment ramené ce document fondateur au centre des débats pour réclamer un plan de circulation cohérent, un respect des ordonnances fédérales sur la qualité de l’air et sur le bruit. En matière de construction, il est temps que cessent les «arrangements» avec ce plan directeur qui, ces dernières années, ont permis de le bafouer à plus d’une reprise.

De manière générale, nous souhaitons que les grands projets urbains donnent lieu à plusieurs propositions sur lesquelles le Conseil communal, voire l’ensemble de la population, puisse véritablement se prononcer, plutôt que d’être acculés à accepter ou à refuser en bloc des projets tout ficelés par la Municipalité, dans lesquels des sommes considérables ont déjà été englouties.

Circulations

Nous proposons de donner la priorité aux piétons et aux cyclistes par l’élargissement de la zone piétonne à l’ensemble de la vieille ville, y compris au Quai Perdonnet, et une modération du trafic partout ailleurs en dehors des grands axes de circulation. Un réseau cohérent d’itinéraires cyclistes permettant des déplacements efficaces au quotidien doit être mis en place. Cela passera fréquemment par une plus claire séparation d’avec les autres modes de déplacement, notamment sur les quais. Des aménagements tarifaires et techniques devraient être négociés avec les compagnies de transports en commun pour faciliter l’usage du vélo pour les déplacements régionaux, surtout en­tre Vevey et les localités des hauts. De plus, et pour faciliter le parcage des résidents et les soustraire à l’obligation d’utiliser chaque jour leur véhicule, l’usage des macarons doit être généralisé sur l’ensemble du territoire communal.

La Grand’Place

La construction d’un parking souterrain en plein cœur de la ville, sous la Grand’Place, est un non-sens. Une telle décision impliquerait le blocage, pour des dizaines d’années, de tout réaménagement de la circulation et un afflux permanent de voitures au centre-ville.

Comme nous l’avions déjà déclaré dans un premier débat au Conseil communal, il est nécessaire d’envisager des alternatives à ce projet, qui rendent la Grand’Place à la vie socia­le. En compensation, on pourrait imaginer de créer un parking souterrain au nord des voies de chemin de fer, dans les quartiers des entrepôts, qui sont largement sous-exploités et pourraient ainsi trouver un nouveau souffle. Enfin, une utilisation optimale des parkings commerciaux et privés existants réglerait déjà une bonne partie du problème. A cette fin, nous réclamons un cadastre des places de parc disponibles.

En ce qui concerne l’aménagement en surface de cette belle place, nous estimons qu’il est indispensable de le soumettre à un concours, incluant une large consultation du public, et de privilégier un projet qui respecte à la fois son unité, son caractère profondément urbain et une utilisation conviviale du lieu.

Le Château de l’Aile, et alentour

Le Jardin du Rivage est une autre partie du patrimoine public à préserver intégralement et à embellir pour l’usage de tous. Quant au Château de l’Aile, il faut à la fois le restaurer rapidement et favoriser son utilisation publique ou semi-publique. Et à quand une transformation des Galeries du Rivage en une salle de sports digne de ce nom ?

Massacres urbains au quai Maria-Belgia

Plusieurs années de lutte citoyenne se sont terminées par une démolition. Pour y arriver, les Municipalités successives n’ont pas respecté le plan directeur communal et ont octroyé toutes les dérogations possibles au règlement communal sur les constructions. Alors qu’il aurait suffi d’appliquer le règlement (ayant force de loi) pour promouvoir une réalisation respectueuse de l’environnement et de l’histoire et pour rénover ces anciens bâtiments en assurant une rentabilité normale au le propriétaire

Logement:
pour une politique sociale

Face à la crise actuelle, il est urgent de mettre en place une politique du logement véritablement sociale, notamment en favorisant le développement des coopératives d’habitation

Cela implique, pour commencer, de garder en mains publiques les immeubles d’habitation en propriété communale et d’y mener une politique d’entretien et de rénovation à long terme (notamment en ce qui concerne les tours de Gilamont ou les immeubles communaux de la Valsainte…). En ce sens, la remise de leur gérance au secteur privé est une erreur qui devra être corrigée. Le nombre de logements sous­traits aux effets de la spéculation immobilière doit être augmenté. Pour cela, il faut disposer de terrains – quitte à en acheter quand l’occasion se présente – que la commune puisse remettre en droit de superficie à de véritables coopératives d’habitation à but non-lucratif, à moins qu’elle ne décide de construire elle-même. Il faut aussi favoriser une politique écologique du logement et éviter un suréquipement prétendument nécessaire (deux salles de bains pour trois ou quatre pièces…)

Les friches industrielles de la Chaussée de la Guinguette et des ACMV constituent une des dernières zones cons­tructibles au centre-ville. Le développement de ce quartier doit impérativement comprendre une part importante de logements sociaux ainsi que des locaux bon marché à disposition des artisans, des artistes ou des associations. Par la suite, un réaménagement des berges de la Veveyse, permettant des cheminements conviviaux le long des rives, renforcerait le lien entre le nord et le sud de la ville.

Région:
Pour un contrôle démocratique

De plus en plus de compétences communales sont déléguées à la région, espace «naturel» de notre quotidien. Il y manque un véritable contrôle démocratique et une vie politique régionale.

Des domaines aussi importants que les transports publics (VMCV, MOB), la culture (Fonds intercommunal pour la culture), les sports, le traitement des déchets (SATOM, Compost SA), la fourniture et l’épuration des eaux (SIGE) ou les prestations sociales sont de plus en plus de la compétence d’organismes régionaux. Nos débats en Conseil communal sur le problème de la sécurité ont dû prendre en considération la coopération intercommunale (police, mais aussi pompiers et protection civile) et la coopération-confrontation avec le canton (Police 2000).

Cette mosaïque de structures régionales spécialisées et parcellisées n’est pas une solution viable et démocratique à long terme. Il faut une instance législative élue par les citoyens. Le Conseil communal, lors du débat sur le plan directeur régional, avait d’ailleurs émis le vœu que soit mis en place un Conseil régional Riviera. C’est dans ce sens qu’il faut aller, au minimum par la voie d’un projet d’agglomération comme le prévoient la Confédération et la nouvelle Cons­titution vaudoise. Ou mieux: pourquoi ne pas fusionner, par étapes, les communes du district afin de n’avoir plus, à terme, qu’un seul législatif, une municipalité large (9 sièges) et des procédures de participation et de collaboration avec les différentes associations (de villages, de quartiers, de communautés culturelles, de parents, etc.) présentes dans la commune.

Le scandale de l’abattoir régional de Clarens géré par le SIGE pose de très sérieuses questions sur le fonctionnement de cet organisme inter­communal. Décider du maintien de l’abattoir, de son développement, ou de son abandon-privatisation demande un ample débat régional sur sa fonction dans le cadre d’un projet de tourisme et d’agriculture de proximité, esquissé lors du plan directeur régional. Sans cela, il est peu probable que les citoyens acceptent d’éponger les pertes par le moyen d’une augmentation du prix de l’eau et de la taxe d’épuration.

Jeunesse-famille:
pour un présent plus accueillant

Plutôt prévenir que guérir ! C’est pourquoi nous travaillons à améliorer l’accès aux structures d’accueil pour petits et grands. Nous proposons également de faciliter la compréhension entre les aînés et les jeunes par des actions visant à les réunir.

L’accès pour les familles à des structures d’accueil de qualité et financièrement avantageuses est la condition première pour permettre aux hommes comme aux femmes de concilier vie familiale et professionnelle. A Vevey, nous avons toujours soutenu la politique qui a permis l’existence de telles structures, aujourd’hui en nombre presque suffisant. Il faudra continuer à les étendre en fonction de l’arrivée prévue de nouveaux habitants.

On parle beaucoup depuis quelques temps des «incivilités» commises par des «jeunes en manque de repères», qui favoriseraient un sentiment général d’insécurité dans la population. Sans nier l’existence de certains faits condamnables, par ailleurs nullement attribuables aux seuls jeunes, nous estimons qu’on en rejette un peu vite la faute sur les familles et sur l’école. Notre société érige la consommation en condition indispensable pour accéder au bonheur et à la reconnaissance sociale, mais prive en même temps une partie de ses jeunes de tout accès à l’emploi. Ces contraintes paradoxales génèrent fatalement des frustrations aux conséquences néfastes pour tous.

Plutôt que de dépenser demain des sommes considérables pour punir puis réinsérer les quelques jeunes qui dérapent et pour réparer les dégâts, une action de prévention déterminée et ciblée, à tous les âges, permettrait dès aujourd’hui de rendre à ces jeunes une place dans notre société et un regain de confiance en eux-mêmes. Dès le plus jeune âge, on devrait offrir aux enfants des espaces qui les aident à exprimer leurs désirs et leurs craintes.

Après l’école

Afin de mieux coordonner les différentes actions possibles pour l’ensemble des enfants et des jeunes, il faut envisager de regrouper, au sein de l’administration, les dicastères «petite enfance», «éducation» et «jeunes­se», comme le recommande la Com­mission fédérale pour l’enfance et la jeunesse. Les horaires scolaires doivent absolument être harmonisés, l’encadrement parascolaire complété et renforcé, en particulier pour les plus de 10 ans qui ne bénéficient plus des possibilités offertes par les structures d’accueil existantes.

Ainsi, les devoirs surveillés devraient être mieux dotés en personnel, afin de donner aux élèves qui n’ont pas la chance de pouvoir se faire aider dans le cadre familial un soutien efficace et durable.

Il manque également un centre de loisirs adapté aux besoins et aux attentes des 10-14 ans, situé à proximité des écoles secondaires, où ils pourraient se retrouver après l’école et bénéficier de la présence et de l’écoute d’adultes compétents.

Pour ceux qui, à la sortie de l’école obligatoire, se retrouvent sans débouché professionnel, il s’agit de poursuivre et d’amplifier l’effort entrepris récemment, en leur proposant des stages et des places d’apprentissage à la commune ou en collaboration avec d’autres communes, associations ou entreprises. Un soutien renforcé doit aussi être proposé aux jeunes en rupture.

Afin de favoriser une meilleure compréhension entre générations, on pourrait susciter des actions d’entraides et d’échanges, par exemple des gardes d’enfants par les aînés ou une bourse de petits boulots permettant aux jeunes de se rendre utiles, tout en se faisant un peu d’argent de poche, auprès des aînés ou des personnes à mobilité réduite.

Femmes et hommes:
questions d’égalité

Les attentes et les besoins des femmes sont souvent différents de ceux des hommes. Au niveau des instances politiques, de l’administration ou des organismes partenaires de la commune, un accent doit être clairement mis sur les questions d’égalité. Cela passe par des mesures destinées à valoriser les compétences et la formation des femmes afin qu’elles aient plus facilement accès aux postes à responsabilités. Il faut également adapter les structures et l’organisation du travail des femmes, mais également des hommes, afin de les rendre compatibles avec les contraintes familiales et domestiques (voir ci-dessus). Au niveau de la cité, une attention soutenue doit être accordée aux initiatives visant à soutenir les femmes confrontées à des problèmes spécifiques ou à promouvoir l’égalité hommes-femmes.

Vivre ensemble:
se rencontrer et se comprendre

La pluralité culturelle de Vevey est un atout pour la vie sociale de la ville. Dès lors, il semble essentiel d’instaurer une véritable politique d’accueil. Les associations jouent un rôle fondamental dans cette vie culturelle et méritent tout notre soutien.

Vevey la multiculturelle

A Vevey, se côtoient des gens d’origines, de cultures, de générations et de couches sociales très diverses. Cette pluralité est une chance pour la ville, elle stimule l’ouverture au monde, suscite des projets culturels et enrichit notre quotidien de saveurs nouvelles. Une vie communautaire harmonieuse dépend néanmoins aussi d’une volonté politique qui encourage les rencontres, favorise la compréhension mutuelle et soutient un accès équitable de tous, et surtout des plus faibles, à une vie digne.

Les étrangers représentent 45 % de la population veveysanne. Originaires d’une centaine de pays différents, ils bénéficient de statuts très divers. Certains sont nés ici, d’autres ont désormais le droit de vote et nous nous en réjouissons, certains enfin doivent s’accommoder de situations plus que précaires. Mais tous collaborent à la vie de la cité, et cette participation sera d’autant plus enrichissante pour les uns et les autres qu’elle sera soutenue par des mesures intégratives respectueuses des identités culturelles, élaborées avec des représentants des différentes communautés. Concrètement, la commune a déjà pris l’initiative de traduire certains documents d’information et de soutenir des cours ou des programmes de soutien ciblés, prélude à une véritable politique d’accueil.

L’exploitation éhontée des richesses du Sud au profit du Nord, en particulier de la part de multinationales comme – au hasard – Nestlé, génère un désordre mondial qui déborde parfois jusqu’ici. Quelques-unes parmi les millions de personnes risquant leur vie pour échapper à la misère, aux guerres et aux famines, cherchent un refuge dans notre pays, notre région. Une politique fédérale aussi dérisoire qu’inhumaine prétend les en dissuader. Nous avons participé au mouvement qui tente de maintenir un brin d’honneur et d’humanité, notamment par l’approbation au Conseil communal en septembre 2004 d’une résolution de soutien aux «523» réfugiés déboutés.

Vie associative

Vevey abrite de très nombreuses associations qui jouent un rôle important dans la culture, le sport, la solidarité sociale ou la vie de quartier. Elles participent largement à l’animation de la cité, à la diversité culturelle et sociale. On devrait plus systématiquement les consulter dans le cadre de projets les concernant, conformément à l’esprit de l’Agenda 21. En sport comme en culture, le soutien à des institutions professionnelles ou semi-professionnelles ne doit pas se faire aux dépens d’autres organismes plus petits, nouveaux ou moins «prestigieux» qui, à nos yeux, reflètent autant l’esprit et les aspirations des habitants de cette ville. La commune se doit donc de favoriser l’éclosion ou le développement de toutes les associations par un appui logistique, financier ou par la mise à disposition de locaux. 

Environnement-énergie:
pour qu’il y ait un avenir

Promouvoir l’usage des énergies renouvelables et les économies d’énergie par l’application de mesures respectant l’esprit de l’Agenda 21 et du développement durable est une nécessité vitale pour notre avenir.

Pollution, catastrophes climatiques à répétition, plus personne aujourd’hui ne conteste la nécessité de mettre en place des politiques axées sur la préservation de l’environnement. Dans un monde qui glorifie la consommation, les autorités se doivent de tenir un discours clair et de prendre des mesures exemplaires pour assurer aux générations futures la possibilité de bénéficier d’un cadre de vie sain.

Pour nous, la première mesure est d’appliquer résolument, dans toutes les actions entreprises par la commune, l’esprit de l’Agenda 21, en favorisant l’usage des énergies renouvelables et les économies d’énergie dans les bâtiments appartenant à la commune ou dans les services communaux. Il ne faut pas non plus hésiter à utiliser le pouvoir de négociation des autorités communales dans le domaine de la construction pour inciter les propriétaires à privilégier des réalisations peu gourmandes en énergie.

A l’heure actuelle, dans tout le quartier de la friche industrielle Chaussée de la Guinguette- ACMV, l’état de pollution des sous-sols limite les possibilités de réhabilitation viable. Il faut rapidement déterminer l’ampleur de ces pollutions puis négocier un programme de décontamination avec les propriétaires.

Toutes les possibilités visant à diminuer le nombre de véhicules circulant en ville doivent être explorées: encouragement à l’auto-partage ou au covoiturage, réalisation rapide d’une communauté tarifaire pour les transports publics…

Une vraie sécurité
est, avant tout, sociale

L’insécurité est brandie par des politiciens en mal de suffrages. A partir de quelques cas, malheureusement réels, ils «surfent» sur des images de rues obscures et de groupes inquiétants. Mais est-ce vraiment cela, d’abord, l’insécurité ?

Une société angoissante

• la crainte de perdre son emploi règne, à tel point que la baisse du chômage est le premier vœu pour 2006 de plus de 40 % des salarié·e·s suisse (L’Hebdo 19.01.06) ;

• pour la première fois depuis longtemps, une part importante de la population pense que la vie de nos enfants sera plus difficile que la nôtre ;

• à longueur d’année, sans base réelle, on fait planer sur nous la menace de ne pas toucher notre retraite, et, au vu de la dite «explosion des coûts de la santé», de ne pouvoir être soignés correctement ;

• les menaces écologiques qui pèsent sur notre avenir (réchauffement climatique) inquiètent d’autant plus qu’aucune réponse politique décidée n’apparaît ; à cela s’ajoute encore le retour des aventures guerrières, que des manifestations d’une ampleur ja­mais vue n’ont pourtant pu empêcher, «justifiées» par un «terrorisme» aux con­tours aussi flous qu’inquiétants.

Alors oui, de ce point de vue, nous vivons dans une société de l’insécurité, que les politiques néolibérales ne font qu’aggraver, notamment par le démantèlement des quelques protections dont bénéficiaient cer­tain·e·s salarié·e·s (mise en cause des conventions collectives, par exemple). Dès lors, l’angoisse et le sentiment d’impuissance, peuvent conduire à la recherche de boucs émissaires et de fausses solutions, simplistes mais rassurantes… pour un temps.

Une société violente

Evidemment ce n’est pas à ce type d’insécurité que syndic de Vevey voulait s’attaquer, quand il clamait que «cela ne pouvait pas durer», et «qu’il fallait agir». Désireux de capter l’émotion suscitée par un meurtre en pleine rue, le 8 mars 2004, suite à une bagarre, il agitait des mesures d’ordre policier, aussi démagogiques qu’inefficaces, sauf à décréter l’état de siège et à mettre un uniforme à chaque carrefour. Rappelons que ce meurtre avait été commis à deux pas du poste de police ! et qu’il est impossible de prévoir de tels événements, très divers, et survenant sans aucun lien entre eux.

Démagogiques et inefficaces surtout parce que de tels actes ne sont pas en rupture avec notre société, mais en sont une expression. La combativité, l’esprit de conquête, la lutte de chacun contre tous, ne sont-ils pas glorifiés en perma­nen­ce ? Le sportif de pointe ne doit-il pas avoir «l’instinct du tueur» ? Y a-t-il un fossé si grand entre le «raid» d’un financier sur une entreprise et le vol d’un portable dans un train ? Le trafic de drogue lui-même n’est-il pas, selon de très sérieuses études, une parfaite application du «manuel de l’entrepreneur»: identification d’un marché, étude des avantages comparatifs avec d’autres activités lucratives possibles, adaptation aux particularités locales…?

Incivilités et actes de violence sont des comportements à combattre. Mais exhortations et répression ne serviront à rien, en l’absence d’actions de prévention et de mesures d’intégration. C’est ce que le conseil communal a réussi, fin 2004, à faire comprendre, enfin, à La Municipalité, et nous nous en félicitons.

Plus fondamentalement, notre conviction est que de tels actes sont le résultat d’une société malade, fondamentalement violente. Il est nécessaire d’en changer, pour assurer à chacune et à chacun sécurité de l’emploi et de la retraite, et à chaque jeune, perspectives d’avenir.

«La pire des menaces, ce sont le chômage et la pauvreté qui conditionnent des gens qui n’ont pas de futur» Eric Lehmann, commandant de la police cantonale vaudoise, (TSR, Infrarouge, 24 mars 2004)

 

 

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