Une vraie sécurité
est, avant tout, sociale

L’insécurité est brandie par des politiciens en mal de suffrages. A partir de quelques cas, malheureusement réels, ils «surfent» sur des images de rues obscures et de groupes inquiétants. Mais est-ce vraiment cela, d’abord, l’insécurité ?

Une société angoissante

• la crainte de perdre son emploi règne, à tel point que la baisse du chômage est le premier vœu pour 2006 de plus de 40 % des salarié·e·s suisse (L’Hebdo 19.01.06) ;

• pour la première fois depuis longtemps, une part importante de la population pense que la vie de nos enfants sera plus difficile que la nôtre ;

• à longueur d’année, sans base réelle, on fait planer sur nous la menace de ne pas toucher notre retraite, et, au vu de la dite «explosion des coûts de la santé», de ne pouvoir être soignés correctement ;

• les menaces écologiques qui pèsent sur notre avenir (réchauffement climatique) inquiètent d’autant plus qu’aucune réponse politique décidée n’apparaît ; à cela s’ajoute encore le retour des aventures guerrières, que des manifestations d’une ampleur ja­mais vue n’ont pourtant pu empêcher, «justifiées» par un «terrorisme» aux con­tours aussi flous qu’inquiétants.

Alors oui, de ce point de vue, nous vivons dans une société de l’insécurité, que les politiques néolibérales ne font qu’aggraver, notamment par le démantèlement des quelques protections dont bénéficiaient cer­tain·e·s salarié·e·s (mise en cause des conventions collectives, par exemple). Dès lors, l’angoisse et le sentiment d’impuissance, peuvent conduire à la recherche de boucs émissaires et de fausses solutions, simplistes mais rassurantes… pour un temps.

Une société violente

Evidemment ce n’est pas à ce type d’insécurité que syndic de Vevey voulait s’attaquer, quand il clamait que «cela ne pouvait pas durer», et «qu’il fallait agir». Désireux de capter l’émotion suscitée par un meurtre en pleine rue, le 8 mars 2004, suite à une bagarre, il agitait des mesures d’ordre policier, aussi démagogiques qu’inefficaces, sauf à décréter l’état de siège et à mettre un uniforme à chaque carrefour. Rappelons que ce meurtre avait été commis à deux pas du poste de police ! et qu’il est impossible de prévoir de tels événements, très divers, et survenant sans aucun lien entre eux.

Démagogiques et inefficaces surtout parce que de tels actes ne sont pas en rupture avec notre société, mais en sont une expression. La combativité, l’esprit de conquête, la lutte de chacun contre tous, ne sont-ils pas glorifiés en perma­nen­ce ? Le sportif de pointe ne doit-il pas avoir «l’instinct du tueur» ? Y a-t-il un fossé si grand entre le «raid» d’un financier sur une entreprise et le vol d’un portable dans un train ? Le trafic de drogue lui-même n’est-il pas, selon de très sérieuses études, une parfaite application du «manuel de l’entrepreneur»: identification d’un marché, étude des avantages comparatifs avec d’autres activités lucratives possibles, adaptation aux particularités locales…?

Incivilités et actes de violence sont des comportements à combattre. Mais exhortations et répression ne serviront à rien, en l’absence d’actions de prévention et de mesures d’intégration. C’est ce que le conseil communal a réussi, fin 2004, à faire comprendre, enfin, à La Municipalité, et nous nous en félicitons.

Plus fondamentalement, notre conviction est que de tels actes sont le résultat d’une société malade, fondamentalement violente. Il est nécessaire d’en changer, pour assurer à chacune et à chacun sécurité de l’emploi et de la retraite, et à chaque jeune, perspectives d’avenir.

«La pire des menaces, ce sont le chômage et la pauvreté qui conditionnent des gens qui n’ont pas de futur» Eric Lehmann, commandant de la police cantonale vaudoise, (TSR, Infrarouge, 24 mars 2004)

Retour à l'accueil
Haut de page