A propos d’une décision démagogique et d’une séance du Conseil communal qui n’a pas su garder la dignité qui convenait. Jeudi [11 mars 2004], 18 h. Marche silencieuse en hommage à Nono et à sa famille, et contre la violence. Diversité des âges et des origines, unité dans la tristesse et le silence. Dignité. 20 h. Conseil communal. On attendait un acte simple et fort, dans la continuité de cette marche, annonçant celle prévue dimanche. Une minute de silence s’imposait. En lieu et place, l’ordre du jour modifié laisse la place à un discours du syndic: amalgame douteux avec les agressions contre les femmes de ces mois passés, « chienlit», ordre, police privée, pas un mot de vraie compassion pour la victime et sa famille. Un discours qui sous prétexte de rassurer une population inquiète, voire traumatisée, cristallise et amplifie cette inquiétude. Un discours démagogique, car totalement illusoire: à quoi pourrait bien servir une police privée – qui légalement n’aurait en cas de problème pas le droit d’intervenir directement, mais devrait appeler la police officielle – quand on sait que le meurtre de lundi a eu lieu à quelques mètres du poste de police ? Dénoncer cette exploitation politicienne d’un drame était nécessaire et juste. Mais emporté par la colère, j’ai voulu aller plus loin, argumenter, développer. J’ai ainsi ouvert la voie à une prolongation de la discussion ouverte par le syndic, au lieu d’y couper court. Nombreux sans doute sont ceux qui en garderont l’image d’une bataille sur le dos d’un mort. Je ne renie pas ce que j’ai dit: l’arrière-plan de ce drame est fait de chômage et de manque de perspectives, de pays dévastés par la guerre, de la lutte de chacun contre tous prônée et pratiquée par le « libéralisme» économique. La violence individuelle est l’expression ultime, hors contrôle, d’un système profondément violent. Mais ce n’était pas le bon moment pour le dire, et prie celles et ceux qui ont pu penser qu’à mon tour j’exploitais ce drame, de m’en excuser. Alain Gonthier, conseiller communal MPS (12 mars 2004, parue dans 24 heures du 16 mars) |
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